Philippe Bihouix, 2014, 2021²
Face aux signaux alarmants de la crise environnementale globale – changement climatique, effondrement de la biodiversité, dégradation des sols, pollution généralisée, tensions sur l’énergie et les matières premières –, nous fondons nos espoirs sur les technologies « vertes » et le numérique.
Plus consommatrices de ressources rares, plus difficiles à recycler, trop complexes, ces nouvelles technologies nous conduisent pourtant, à terme, dans l’impasse. Ce livre démonte les mirages des innovations high tech, et propose de questionner la course en avant technologique en développant les low tech, les « basses technologies », plus sobres et plus résilientes. Il ne s’agit pas de revenir à la bougie, mais d’explorer les voies possibles vers un système économique et industriel compatible avec les limites planétaires.
De formation généraliste, il a travaillé comme ingénieur travaux dans le bâtiment, puis comme ingénieur conseil dans de nombreux secteurs industriels (énergie, chimie, transports, télécommunications, aéronautique…) pendant près de dix ans.
Il s’est également engagé un an comme chef de mission dans une ONG humanitaire en République Démocratique du Congo et en Angola. Il travaille actuellement dans le fret ferroviaire.
Spécialiste de la finitude des ressources minières et de son étroite interaction avec la question énergétique, il est coauteur de l’ouvrage Quel futur pour les métaux ?, 2010.
*source : babelio.com
À partir du constat de la triple impasse de notre société technicienne (impasse de l’épuisement des ressources non renouvelables, impasse des pollutions anthropiques et impasse de l’artificialisation des terres arables), Philippe Bihouix nous invite à prendre le contre-pied du techno-solutionnisme. Selon l’auteur, il faut rapidement “appuyer sur la pédale de frein” et réduire la consommation de ressources par personne grâce au développement de basses technologies frugales, tout en rendant la “transition” désirable.
“Cet ouvrage développe en effet la thèse, iconoclaste j’en conviens, qu’au lieu de chercher une sortie « par le haut » aux impasses environnementales et sociétales actuelles avec toujours plus d’innovation, de hautes technologies, de métiers à valeur ajoutée, de numérique, de compétitivité, de haute performance, de travail en réseau, bref, de développement durable, de croissance verte et d'économie 2.0, nous devons au contraire nous orienter, au plus vite et à marche forcée, vers une société essentiellement basée sur des basses technologies, sans doute plus rudes et basiques, peut-être un peu moins performantes, mais nettement plus économes en ressources et maîtrisables localement.”
Philippe B. dresse le constat de la situation actuelle (des ressources, de la biodiversité et des secteurs économiques), tente de répondre à la question “comment en sommes-nous arrivés là ?”, tout en infirmant dans le même temps un certain nombre de pis-aller environnementaux contemporains et leurs limites comme l’économie circulaire, la croissance verte, la bio-économie,... par l’utilisation d’arguments simples (règle de trois, bilan des ressources disponibles, effet rebond, effet parc, effet système)
L'auteur conclut la première partie par une métaphore délectable : “[notre système industro-économique] nous propose d’appuyer à fond sur la pédale d’accélérateur, en espérant que l’on inventera les ailes avant d’atteindre le bord de la falaise.” Or, les ailes convoitées (les innovations technologiques), si tant est qu’elles existeront, n’auront ni la voilure, ni la portance.
Ici, Philippe B. rentre au cœur de sa thèse. Il expose les 7 principes fondamentaux, selon lui, des basses technologies, autrement dit de la low-tech
Maintenant que les principes sont posés, Philippe B. invite le lecteur à se projeter en utopie, un monde low-tech sans aborder pour le moment la question de la faisabilité. Il analyse secteur par secteur (agriculture et agroalimentaire, bâtiment et urbanisme, produits de consommation, banque et finance,...) les enjeux, les changements à opérer et les résultats attendus.
Finalement, après avoir exposé un nouveau projet politique, l’auteur s’interroge sur la faisabilité de ses idées. Au-delà des arguments objectifs cartésiens, qu’en est-il de la désirabilité d’un tel changement (individuelle ou collectif) ? Est-il possible de tenter quelque chose d’autre que le statu quo ? Quelles postures adoptées ?
Ces questions sont abordées sous le prisme de quatre sujets majeurs : la question de l’emploi, la question de l’échelle, la question de la mutation culturelle et morale et la question du désir.
Le livre se conclut sur une note positive, face à la menace du syndrome du Titanic (inertie du système, tentation de céder au découragement, incapacité d’éviter l’obstacle), Philippe B. rappelle l’imprévision d’une transition fulgurante tant nous avons les moyens techniques, organisationnels, financiers et sociaux.
Quel futur pour les métaux ?, 2010
Le désastre de l'école numérique, 2016
Le bonheur était pour demain : Les rêveries d'un ingénieur solitaire, 2022
La ville stationnaire. Comment mettre fin à l'étalement urbain ?, 2022